Critique du CD CRACKS à lire dans Classica

Une très belle critique du CD CRACKS à lire dans le Classica de février 2017 par Romaric Gergorin :

« Sébastien Béranger fait partie de cette nouvelle génération de compositeurs qui cherchent de nouveaux territoires pour créer un espace musical raffiné à l’affut de nouvelles formes. Intégrant l’électronique à son écriture, il élabore des atmosphères captivantes où spirales et cascades sculptent la matière sonore pour donner vie à une matière poétique très gracieuse, à l’instar de la première pièce, une longue suite qui étire le temps dans des volutes parfaitement jouées par les musiciens du Concert Impromptu. Les interludes Ainsi Futile pour cor, basson, et clarinette basse développent des formes ouvertes, dont la matière raréfiée explore les dérives sonores du timbre, édifiant des monologues ondoyants et stridents. Dislocations emploie l’électronique comme véhicule d’un onirisme organique qui s’associe au piano de Bruno Beltoise pour constituer un espace mixte, entre acoustique et électro­acoustique, ouvrant des lignes de fuites fragmentées. Dans chaque pièce un paysage musical en cours de formation s’éploie, donnant l’illusion du temps réel. Ouvert vers l’inattendu, Sébastien Béranger n’oublie jamais aussi l’écologie de l’écoute, par une écriture aérée qui séduit constamment. Se dégage alors de ces saynètes alertes une sureté du geste liée à une félicité réflexive, exprimant une forme de sérénité étonnante, suffisamment rare dans les musiques d’aujourd’hui pour être saluée. La quiétude nocturne de ces canevas épurés engendre autant de plateformes zen qui dessinent un nouveau visage du vide, dans lequel temps et espace flottent vers l’inconnu et libèrent l’esprit des discours autoritaires de la musique. Intégrant les avancées du modernisme le plus tranchant, mais aussi le jazz et les musiques improvisées, cet album monographique de Sébastien Béranger dévoile ainsi une succession d’éclats poétiques qui font de son univers immersif un paysage subtilement addictif. »

Romaric Gergorin